lundi 1 décembre 2014

Littérature : Assemblages du bois, l'Europe et le Japon face à face






   Aujourd’hui, quelques extraits du livre de Wolfram Graubner, Assemblages du bois, L’Europe et le Japon face à face, aux éditions Vial.
C’est un ouvrage excellent, très pointu, un véritable catalogue des variétés d’assemblages en charpente et menuiserie.
La qualité, la variété, l’intelligence et l’efficacité des formes utilisées sont d’une grande beauté.
Personnellement, je lis ce livre sans saisir le dixième des informations (je ne suis pas du tout du métier), mais j’en retire une forte émotion esthétique…

Dans son introduction, l’auteur offre un point de vue très juste quant à l’exercice actuel de l’ensemble des métiers d’art.
Voici donc quelques passages choisis :

L'artisanat sous influence de l'industrialisation

- «  La valeur du travail contenue dans un produit industriel n’apparait plus comme un savoir-faire artisanal ; elle n’est désormais qu’un élément commercial. L’économie du temps de production devient décisive pour la vente de produits de masse qui se ressemblent tous, d’autant qu’ils sont grevés d’un coût élevé de diffusion et de gestion. »
- « Un autre changement décisif s’est opéré au niveau des matières premières. La condition nécessaire à leur utilisation dans les procédés de fabrication mécanique est la parfaite homogénéité de leur texture. Or, celle-ci n’existe pas à l’état naturel, et il faut broyer les matériaux traditionnels aux moyens de procédés mécaniques ou chimiques pour les reconstituer en matières d’une texture homogène. C’est ainsi que la pierre est transformée en béton, le bois en aggloméré_ l’organique devient inorganique. »
- « Même dans les cas où un retour à l’artisanat serait parfaitement indiqué pour des raisons économiques, […] ce chemin est entravé par le petit nombre de pratiques artisanales qui ont survécu. Les ateliers de charpenterie, par exemple, utilisent pour l’assemblage du bois des ferrements préfabriqués industriellement, même si ces derniers sont souvent plus coûteux et ne présentent pas la qualité des éléments en bois, plus stables et plus résistants. Les charpentiers de l’ancienne école ont été remplacés par des ouvriers non spécialisés. »

L’artisanat, otage de ses qualités

(paradoxalement le marché actuel des artisans d’art se trouve dans le super luxe, avec une dérive soit  de muséologie, de pure recherche esthétique  ou de bling bling.)
-« […] les objets façonnées par les artisans d’art ne sont souvent plus des objets d’usage courant. […] dès lors, la valeur utilitaire de l’objet est reléguée au second plan. Quand l’habileté dans l’emploi des matériaux n’est pas à la base du processus de création, se profile le danger d’une baisse du niveau des produits. »

L’artisanat comme moteur de création et vecteur d'emploi

- « De plus la thématique du développement technique actuel s’est modifiée : ce ne sont plus les procédés hautement complexes qui se trouvent au centre de préoccupations, mais bien la simplicité des applications, dans le but d’une décentralisation accentuée, d’une économie d’énergie et de matières premières, qui tirent aussi parti des propriétés du matériau grâce à une technique intelligente. Ce sont là précisément les caractéristiques typiques de tout procédé artisanal, né du manque de moyens et des limites physique de l’homme. »
- « L'artisanat avec ses modes de production décentralisés, joue actuellement un rôle important, bien plus important que pendant la période de croissance économique rapide, compte tenu des réflexion faites par les responsables politiques, économiques et sociaux face au chômage. D'autant que les artisans formés dans un des principaux métiers artisanaux sont moins menacés par les conséquences du chômage à long terme que les ouvriers spécialisés dans l'industrie. »


Bref, un beau livre à offrir aux professionnels et aux passionnés de menuiserie. La maison d’édition présente d’ailleurs une belle collection d’ouvrage de cette qualité.


Bonne semaine, BM

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