Aujourd’hui,
quelques extraits du livre de Wolfram Graubner, Assemblages du bois, L’Europe et le Japon face à face, aux éditions
Vial.
C’est un
ouvrage excellent, très pointu, un véritable catalogue des variétés
d’assemblages en charpente et menuiserie.
La qualité,
la variété, l’intelligence et l’efficacité des formes utilisées sont d’une
grande beauté.
Personnellement,
je lis ce livre sans saisir le dixième des informations (je ne suis pas du tout
du métier), mais j’en retire une forte émotion esthétique…
Dans son
introduction, l’auteur offre un point de vue très juste quant à l’exercice actuel de l’ensemble des métiers d’art.
Voici donc
quelques passages choisis :
L'artisanat sous influence de l'industrialisation
- « La valeur du travail contenue dans un
produit industriel n’apparait plus comme un savoir-faire artisanal ; elle
n’est désormais qu’un élément commercial. L’économie du temps de production
devient décisive pour la vente de produits de masse qui se ressemblent tous, d’autant
qu’ils sont grevés d’un coût élevé de diffusion et de gestion. »
- « Un autre changement décisif s’est opéré au
niveau des matières premières. La condition nécessaire à leur utilisation dans
les procédés de fabrication mécanique est la parfaite homogénéité de leur
texture. Or, celle-ci n’existe pas à l’état naturel, et il faut broyer les
matériaux traditionnels aux moyens de procédés mécaniques ou chimiques pour les
reconstituer en matières d’une texture homogène. C’est ainsi que la pierre est transformée
en béton, le bois en aggloméré_ l’organique devient inorganique. »
- « Même dans les cas où un retour à l’artisanat
serait parfaitement indiqué pour des raisons économiques, […] ce chemin est
entravé par le petit nombre de pratiques artisanales qui ont survécu. Les ateliers
de charpenterie, par exemple, utilisent pour l’assemblage du bois des
ferrements préfabriqués industriellement, même si ces derniers sont souvent
plus coûteux et ne présentent pas la qualité des éléments en bois, plus stables
et plus résistants. Les charpentiers de l’ancienne école ont été remplacés par
des ouvriers non spécialisés. »
L’artisanat, otage de ses qualités
(paradoxalement le marché actuel des artisans d’art se trouve
dans le super luxe, avec une dérive soit de muséologie, de pure recherche
esthétique ou de bling bling.)
-« […] les objets façonnées par les artisans d’art
ne sont souvent plus des objets d’usage courant. […] dès lors, la valeur
utilitaire de l’objet est reléguée au second plan. Quand l’habileté dans l’emploi
des matériaux n’est pas à la base du processus de création, se profile le
danger d’une baisse du niveau des produits. »
L’artisanat comme moteur de création et vecteur d'emploi
- « De plus la thématique du développement technique
actuel s’est modifiée : ce ne sont plus les procédés hautement complexes
qui se trouvent au centre de préoccupations, mais bien la simplicité des
applications, dans le but d’une décentralisation accentuée, d’une économie d’énergie
et de matières premières, qui tirent aussi parti des propriétés du matériau
grâce à une technique intelligente. Ce sont là précisément les caractéristiques
typiques de tout procédé artisanal, né du manque de moyens et des limites
physique de l’homme. »
- « L'artisanat avec ses modes de production
décentralisés, joue actuellement un rôle important, bien plus important que
pendant la période de croissance économique rapide, compte tenu des réflexion
faites par les responsables politiques, économiques et sociaux face au chômage.
D'autant que les artisans formés dans un des principaux métiers artisanaux sont
moins menacés par les conséquences du chômage à long terme que les ouvriers
spécialisés dans l'industrie. »
Bref, un
beau livre à offrir aux professionnels et aux passionnés de menuiserie. La
maison d’édition présente d’ailleurs une belle collection d’ouvrage de cette
qualité.
Bonne semaine, BM
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